Parlement

La République de Weimar (1918 - 1933)

Tableau sur le mur d'une école de la République de Weimar : affiches électorales 1930-32. (SPD, Centre, KPD, NSDAP). Impression couleur

Tableau sur le mur d'une école de la République de Weimar : affiches électorales 1930-32. (SPD, Centre, KPD, NSDAP). Impression couleur (picture-alliance/akg)

La Révolution allemande de novembre 1918 entraîne la substitution de la démocratie parlementaire à la monarchie constitutionnelle. Pendant toute son existence, la République de Weimar, dénommée ainsi d’après le lieu de promulgation de sa Constitution, subira d’incessantes épreuves intérieures et extérieures. Dès le départ, ses partisans devront résister aux assauts de forces radicales de gauche et de droite, au sein et en dehors du Parlement.

Le Parlement

Élu pour quatre ans par législature, le Reichstag est l’organe constitutionnel central du pouvoir législatif de la République de Weimar. La législation principalement, y compris l’adoption du budget, ainsi que le contrôle du gouvernement du Reich relèvent de ses attributions. Il organise son travail par un système de commissions permanentes. Le chancelier du Reich, nommé par le président du Reich et non pas par le Reichstag, est tributaire de la confiance du Reichstag dans l’exercice de ses fonctions. Sous le régime constitutionnel de Weimar, le président du Reich est directement élu par le peuple et doté de pouvoirs étendus pour faire contrepoids au Reichstag. En sa qualité de chef de l’État, il dispose notamment du droit de dissoudre le Reichstag et, en cas de péril pour la sécurité publique, du pouvoir de décréter l’état d’exception et d’édicter des décrets d’urgence ayant le caractère de lois. Le scrutin majoritaire existant sera remplacé par la proportionnelle dès les débuts de la République, tandis que le droit de vote et d’éligibilité sera pour la première fois accordé aux femmes. Par ailleurs, la majorité électorale sera ramenée de 25 à 20 ans.

Le système des partis

Les partis de la République de Weimar, même si quelques-uns ont été nouvellement créés, constituent un système d’une étonnante continuité par rapport à l’Empire allemand. Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) ancré dans le monde ouvrier est la première force politique de 1919 à 1932. Plusieurs chanceliers du Reich sortiront de ses rangs, de même que le premier président du Reich de 1919 à 1925, Friedrich Ebert. Mais le SPD est souvent dans l’opposition. Le Parti du Centre se pose en représentant politique des intérêts de la population catholique. Pépinière d’où sortiront la majorité des chanceliers du Reich, il sera présent dans tous les gouvernements jusqu’en 1932. Le Parti démocratique allemand (DDP), conservateur et libéral de gauche - Parti allemand de l’État (DStP) à partir de 1930 - a fortement pesé sur la rédaction de la Constitution de Weimar et, lui aussi, est représenté dans la plupart des gouvernements jusqu’en 1932.

Le SPD, le Centre et le DDP sont les partis inconditionnellement fidèles à la Constitution de la République de Weimar. S’ils réunissent encore quelque 70 % des voix à eux trois pour les élections à l’Assemblée nationale de janvier 1919, les premières élections au Reichstag en juin 1920 leur font perdre définitivement la majorité parlementaire. Dès lors, à l’exception de plusieurs grandes coalitions, on aura une succession de gouvernements bourgeois et minoritaires, généralement tolérés par le Parlement. Tous les gouvernements de Weimar sont marqués par leur instabilité chronique et leur brièveté. Les partis politiques sont trop attachés à leurs milieux traditionnels et, en raison de l’étroitesse des marges de répartition économique, se montrent trop peu enclins à des compromis les uns vis-à-vis des autres. Le Parti populaire allemand (DVP), conservateur et initialement sceptique vis-à-vis de la République, participe à la plupart des gouvernements du Reich à partir de 1920. De même que le Parti populaire bavarois (BVP) qui, après s’être détaché du Centre en 1918, est fréquemment représenté au gouvernement du Reich à partir de 1922. Les partis libéraux DDP et DVP vont connaître un déclin inexorable qui s’avérera lourd de conséquences pour la République de Weimar - au terme de laquelle ils seront réduits à l’état de groupuscules - et qui est entre autres responsable de l’ascension du NSDAP.

Les ennemis de la République

Le Parti populaire national-allemand (DNVP) est l’un des ennemis implacables de la République. En tant que représentant du camp conservateur et monarchiste, il combat d’emblée le système démocratique. Même chose pour le Parti communiste d’Allemagne qui cherche à instaurer une dictature socialiste des conseils sur le modèle soviétique. Le Parti ouvrier allemand national-socialiste (NSDAP) est ethno-populiste, raciste et antisémite. Il exploite le sentiment d’insécurité et la paupérisation sociale de larges catégories de la population pendant la crise économique mondiale du début des années 30 et devient ainsi la première force politique au Parlement en 1932, sans toutefois obtenir la majorité parlementaire.

Les cabinets présidentiels

Après la rupture de la dernière grande coalition en été 1930, les gouvernements du Reich ne sont plus formés par voie parlementaire, mais sous forme de « cabinets présidentiels ». Sans majorité parlementaire propre, ils gouvernent principalement par le biais de décrets d’urgence édictés par le président du Reich sur le fondement de l’article 48 de la Constitution de Weimar. Ils engagent par là-même une mutation constitutionnelle rampante au détriment du Parlement. Si Heinrich Brüning (Centre), premier chancelier du Reich à la tête d’un tel cabinet présidentiel de 1930 à 1932, se sent encore lié à la démocratie, ses successeurs sans étiquette, Franz von Papen à partir de juin 1932 et Kurt von Schleicher en décembre 1932, mènent une politique ouvertement axée sur le dépassement de la République de Weimar. Le 30 janvier 1933, Paul von Hindenburg, président du Reich en exercice depuis 1925, nomme Adolf Hitler chancelier du Reich, à la tête d’un nouveau cabinet présidentiel et d’un gouvernement NDSDAP et DNVP. Par cette décision, il assène un coup de grâce fatal à la démocratie parlementaire d’une République de Weimar déjà fortement ébranlée.

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