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Intervention de M. Link, FDP, le 22 janvier 2018 à Berlin

Monsieur Michael Georg Link (FDP) :

Monsieur le Président, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, chers collègues, chers collègues français, je voudrais vous parler aujourd’hui du courage, courage de surmonter ce qui séparé, d’aller l’un vers l’autre, courage de franchir des ponts, de commencer quelque chose de nouveau. Du courage, il en fallut, lorsqu’en 1963, deux hommes d’État et deux nations décidèrent de laisser derrière elles pour toujours leur rivalité. Peu de temps après la Deuxième Guerre mondiale – le souvenir des atrocités était encore vivace –, le Traité de l’Élysée permit de sceller cette réconciliation entre les peuples de France et d’Allemagne. Il posa les jalons de l’amitié entre les deux pays.

Chers collègues, il est bien dommage que Charles de Gaulle ne puisse pas se défendre contre la récupération dont il fait l’objet aujourd’hui, en l’occurrence – comme nous l’avons entendu – par un groupe parlementaire auquel est étrangère toute idée visant à dépasser le jeu à somme nulle qui nous a conduits dans la situation problématique que connaît l’Europe. Les idées de Charles de Gaulle étaient bien plus visionnaires, allaient bien au-delà de celle de l’Europe des patries. Beaucoup de projets d’alors n’ont malheureusement pas vu le jour. Les plans étaient dans les tiroirs, ils étaient presque entièrement préparés. L’histoire de notre voisinage est toujours en mouvement. Nous avons aujourd’hui les choses en main pour accroître encore les convergences.

L’histoire de notre voisinage, c’est bien plus que la rivalité et l’amitié, plus que la guerre et la paix. C’est aussi l’histoire d’une proximité particulière, d’une influence réciproque, y compris dans nos cultures. Ce n’est donc certainement pas un hasard, chers collègues, que l’un de plus beaux mots de la langue allemande pour décrire le courage qu’il a fallu pour surmonter de chapitre le plus noir de notre histoire tourmentée soit précisément le mot français Courage. Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont eu le courage, ce Courage, d’ouvrir une nouvelle ère politique avec le Traité de l’Élysée.

Mais ce sont aussi des générations de jeunes gens qui sont entrés dans cette ère nouvelle : suite au Traité de l’Élysée, ils découvrirent pour la première fois le pays du voisin, ils apprirent sa langue ; en tant qu’écoliers, ils séjournèrent longtemps dans le pays du voisin – comme j’en eu moi-même l’occasion – et ils y rencontrèrent des amis pour la vie. Le courage, ce fut aussi celui des entrepreneurs qui bâtirent de nouvelles relations commerciales par-delà la frontière. On a évoqué Airbus : voilà bien un joyau de notre coopération. Nous pourrions imaginer de nombreux projets de la sorte. Le président Macron a d’ailleurs formulé de nouvelles idées à cet égard. Le monde de la culture s’est investi dans des initiatives communes. Nos cinémas, nos places publiques, nos théâtres, nos bibliothèques sont plus colorés, plus divers. Ici aussi, il a fallu du courage pour répondre aux nouvelles impulsions.

Aujourd’hui, exactement 55 ans plus tard, ce que nous avons réalisé concrètement est immense. Notre coopération étroite est apparue de plus en plus comme le moteur du processus d’unification européen. Souvent, la lutte acharnée pour trouver le bon compromis a permis au couple franco-allemand de tracer des solutions à l’échelle européenne. Cela rassure bon nombre de nos voisins, car l’action commune des antagonistes d’hier a donné et donne à l’Europe sa capacité d’action. Mais parfois, et particulièrement ces derniers temps, certains de nos voisins ont eu le sentiment d’être marginalisés. Rien ne saurait être plus faux que cette impression, car nous invitons tout un chacun : notre coopération est inclusive. Nous souhaitons développer des formats comme celui du triangle de Weimar avec la Pologne et avec d’autres de nos amis, peu importe qu’ils aient une frontière directe avec nous ou pas. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. C’est maintenant qu’il nous faut ce Courage.

C’est ainsi que nous voulons, avec la résolution que nous avons préparée conjointement avec nos collègues – et je tiens remercier particulièrement tous les collègues qui ont apporté leur contribution, et singulièrement Andreas Jung, qui en a eu l’initiative –, accompagner ce jubilé par des initiatives parlementaires très concrètes, qui touchent et enrichissent véritablement la vie quotidienne des habitants de nos deux pays. Si l’on regarde la région frontalière de nos deux pays – et je remarque que le banc du Bundesrat est bien rempli –, on voit qu’il serait possible d’en faire bien plus encore.

Concertons-nous aussi plus étroitement au niveau international. Oui, aux Nations Unies également, nous souhaitons une coordination plus étroite avec la France. Faisons encore plus de choses ensemble, pour notre bien commun, pour le bien de la France, pour le bien d’Allemagne, et pour le bien de l’Europe unie !

Je vous remercie.

Monsieur Wolfgang Schäuble, président :

La parole est à Mme Franziska Brantner, pour le groupe Alliance 90/Les Verts.

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