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55e anniversaire du Traité de l'Élysée : le Bundestag allemand et l'Assemblée nationale adoptent une résolution

Ein Mann sitzt in einem Rollstuhl vor einem Rednderpult
Eine große Gruppe steht auf einer Treppe vor dem Eingang eines klassizistischen Gebäudes
Ein mann in einem Rollstuhl vor einem Rednerpult in der mit Marmor und rotem Samt ausgeschmückten Nationalversammlung
Französische Abgeordnete stehen und applaudieren
Ein großer mit Säulen, Marmor, Gemälden und rotem Samt ausgeschmückter Raum
Zwei Männer sitzen nebeneinander an einem Tisch mit einem Füller in der Hand, um ein Dokument zu unterschreiben.

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Wolfgang Schäuble dans l'Hémicycle (Assemble Nationale/Alain Laurenceau)

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La délégation du Bundestag à Paris (Assemble Nationale/Alain Laurenceau)

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Wolfgang Schäuble à l'Assemblée nationale (Assemblée nationale/Alain Laurenceau)

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Wolfgang Schäuble prononce son discours. (Assemble Nationale/Alain Laurenceau)

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L'Assemblée nationale dans l'Hémicycle (Assemble Nationale/Alain Laurenceau)

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Wolfgang Schäuble und François de Rugy signent la résolution des deux parlements. (Assemblée nationale/François Jannin)

Le président du Bundestag Wolfgang Schäuble a souligné, dans le discours qu’il a tenu le lundi 22 janvier 2018 devant l’Assemblée nationale française, que la coopération entre la France et l’Allemagne devait être élargie à travers la résolution adoptée par les deux parlements. Lors du 55e anniversaire de la signature du Traité sur la coopération franco-allemande (Traité de l’Élysée), à l’occasion duquel les deux parlements se sont réunis en session, à Berlin et à Paris, M. Schäuble a qualifié l’amitié franco-allemande de « don hérité de l’histoire ». Le président du Bundestag a rappelé dans son discours – qu’il a tenu en français – les figures de Charles de Gaulle et Konrad Adenauer qui, en 1963, s’étaient appuyés sur ces réalités : il existe encore des différences, les Français et les Allemands ne sont pas les mêmes, ils suivent des traditions spécifiques, et ont des intérêts légitimes qui leur sont propres.

« Se garder de toute autosatisfaction »

« C’est seulement parce que nous savons cela que nous pouvons réaliser ce que nous voulons en commun. Et c’est précisément pour cela que nous avons créé, avec le Traité de l’Élysée, des mécanismes et des règles de coopération au niveau des gouvernements, grâce auxquels nous parvenons à des accords, malgré nos différences », a déclaré M. Schäuble. Il faut, dit-il, se garder de toute autosatisfaction. Les conditions « dans lesquelles nous voulons vivre dans ce monde dont l’évolution s’accélère, c’est à nous de les créer ».

Il a évoqué à titre d’exemple l’évolution des marchés financiers internationaux, les conséquences des mouvements migratoires à travers le monde, et les devoirs d’intégration qui en découlent, les dangers du terrorisme international et les conflits armés aux frontières extérieures de l’Europe, la pression exercée par des régimes autoritaires, mais aussi par des aspirations séparatistes, et les tensions dans les régions proches de la Méditerranée, en Afrique et au Proche-Orient. 

« Une plus-value pour l’Europe »

Pour M. Schäuble, la combinaison des atouts de la France et de l’Allemagne est une véritable plus-value pour les deux parties et pour l’Europe. Les États-nations font partie de la réalité européenne. Il est d’autant plus important de renforcer cette idée centrale que ni l’Allemagne ni la France n’ont de futur sans l’Europe, a-t-il souligné.

Le président du Bundestag a appelé à faire preuve de « pragmatisme responsable » et à se fixer de nouveaux objectifs visant à approfondir l’Union économique et monétaire et à donner de nouvelles impulsions en politique étrangère et de défense. Allemands et Français veulent aller de l’avant dans la réalisation d’un espace économique franco-allemand et le parachèvement du marché intérieur européen, dans la protection du climat, dans les domaines de l’énergie et de la société numérique, et dans le renforcement des droits sociaux en Europe.

Intensifier la concertation entre les deux parlements

Nous voulons, a poursuivi M. Schäuble, nous engager pour développer les jumelages entre nos villes, pour renforcer la coopération fructueuse dans les régions frontalières, pour soutenir le « travail remarquable » de l’Office franco-allemand pour la jeunesse et les nécessaires coopérations dans le domaine de l’éducation et de la formation, dans la culture et les médias. Nous voulons aussi élargir les offres permettant d’apprendre la langue du pays voisin, et intensifier la concertation entre les deux parlements.

Avec la résolution soutenue par cinq groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, et votée par quatre groupes parlementaires du Bundestag, c’est un grand pas en avant qui est franchi. Les parlements pourraient prendre le nouvel élan que connaît la politique européenne et « en imprimer le rythme » ; ils peuvent insuffler une dynamique « qui portera à des nouvelles avancées ». M. Schäuble a conclu par ces mots : « Utilisons aujourd’hui notre liberté. Prenons nos responsabilités avec autant de courage que les signataires d’alors. Faisons-le ensemble ! »

Auparavant, son homologue français, M. François de Rugy, avait souligné dans le discours qu’il a tenu à Berlin, devant le Bundestag allemand, qu’il était temps de montrer que la France et l’Allemagne ne forment pas simplement un couple : « Nos deux pays forment une famille ».

Résolution adoptée à une large majorité

Les groupes parlementaires CDU/CSU, SPD, FDP et Alliance 90/Les Verts ont présenté au Bundestag la résolution « Pour un nouveau Traité de l’Élysée – Accroître le rôle des parlements dans la coopération franco-allemande », qui a été adoptée avec les voix de ces mêmes groupes ; cette résolution, a souligné le président du Bundestag, « nous impose un devoir ». Et elle exhorte les gouvernements à prendre leurs responsabilités. « Nos deux États ont en effet une mission particulière au sein d’une Europe de plus en plus intégrée. Nous sentons les attentes qui sont dès lors dirigées vers nous – notamment de la part de nos voisins. »

Dans leur proposition de résolution, les groupes parlementaires au Bundestag expriment en substance leur engagement pour une réaffirmation et un approfondissement du Traité d’amitié. Ils s’engagent à développer davantage la bonne collaboration entre les deux assemblées, et veulent renforcer la coopération bilatérale à travers la mise en œuvre à brève échéance de projets concrets, pour partie détaillés dans la résolution commune. Ils rappellent enfin que l’amitié franco-allemande est un fondement même du processus d’intégration européenne et en est indissociable.
Le groupe AfD a voté contre la résolution ; il y a eu des voix contre et des abstentions dans le groupe parlementaire La Gauche. La proposition de résolution de La Gauche, intitulée « Un nouveau Traité de l’Élysée pour sortir l’Europe de la crise » a été rejetée par les autres groupes. 

Wolfgang Schäuble évoque Joseph Rovan

Le président du Bundestag a rappelé la figure de Joseph Rovan, né en 1918 à Munich sous le nom de Joseph Rosenthal ; il trouva refuge en France devant la montée du national-socialisme, combattit dans la Résistance et survécut à la déportation à Dachau. Lui, le Français aux racines allemandes, devint professeur d’université à Paris il y a 50 ans, et enseigna l’histoire et la politique de l’Allemagne. Parmi les « nombreuses et grandes figures de la réconciliation », Joseph Rovan a apporté une contribution essentielle pour que les ennemis deviennent des amis, a affirmé M. Schäuble.

Dans son discours, plusieurs fois interrompu par les applaudissements, François de Rugy a relevé que Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont su conjurer le conformisme qui, 35 ans auparavant, avait eu raison de l’œuvre des ministres des Affaires étrangères français et allemand Aristide Briand et Gustav Stresemann. Aussi sûrement que le nationalisme mène à la guerre, le conformisme conduit à l’impuissance, a-t-il ajouté. Les deux parlements exercent leurs fonctions essentielles dans une démocratie : « Ils sont lieux de débats, ils seront lieux de décisions, par le vote ».

Le populisme menace toutes les nations européennes, affirme M. de Rugy.

« Ces pierres parlent », poursuit-il, en regardant le bâtiment du Reichstag : « Ce lieu nous raconte une Histoire, nous parle de nous-mêmes : il parle de vous, Allemands, mais il parle également au Français que je suis, comme il parle à tous les Européens ». Le projet européen demeure un partenariat de nations égales, partageant les mêmes droits. L’Europe est également en proie aux doutes, aux difficultés sociales et économiques, à des périls nouveaux. « Nous ne pouvons trouver qu’ensemble une solution à la crise migratoire. Nous ne pouvons affronter qu’ensemble la concurrence de nouvelles puissances mondiales », selon M. de Rugy.

Le néo-populisme et les tentations nationalistes menacent toutes les nations européennes. Les périls sont extérieurs : « Le terrorisme frappe partout dans le monde, et particulièrement en Europe. Certains pays, y compris en Europe, évoluent vers de vraies dictatures ou vers des démocraties non libérales. » Or, les valeurs démocratiques, « qui nous sont communes », sont porteuses d’une vision particulière de l’ordre international, le multilatéralisme, a souligné M. de Rugy. La méthode multilatérale, celle de la négociation et de la recherche du compromis, a fait le succès de l’entreprise européenne.

La résolution appelant à un nouveau Traité de l’Élysée constitue une base sérieuse pour se projeter dans l’avenir sur des questions essentielles comme « la pratique mutuelle de nos langues respectives », les opportunités industrielles ouvertes par l’économie numérique et les eurodistricts, qui « effacent presque les frontières entre nos deux pays ». « C’est une autre réalité humaine de la relation franco-allemande », a affirmé le président de l’Assemblée nationale.

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