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Intervention de Mme Weidel, présidente du groupe AfD, le 22 janvier 2018 à Berlin

Madame Alice Weidel (AfD) :

Monsieur le Président, Monsieur le Président de Rugy, chers collègues, chers collègues de l’Assemblée nationale, l’Allemagne, profiteur de l’euro – cessez donc avec cette bêtise, cessez avec ces racontars ! Vous ne comprenez rien à l’économie. Mais alors rien du tout !

Ce parlement organise aujourd’hui une célébration solennelle pour un Traité dont vous avez totalement détourné le sens. Les signataires, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, voyaient dans le Traité de l’Élysée un accord d’amitié franco-allemand, un traité purement bilatéral, destiné à compenser le rattachement de la jeune République fédérale à l’OTAN. De Gaulle, en particulier, avait toujours eu en tête une Europe des patries, Mesdames et Messieurs. Mais vous, vous procédez, sûrs de votre fait, à une falsification historique lorsque vous utilisez cet accord comme prétexte pour créer un super-État européen centralisé, qui méconnaît absolument les principes de la séparation des pouvoirs et de la participation démocratique. Il n’y a donc pas à s’étonner que les partis qui siègent ici depuis bien longtemps aient voulu rester entre eux pour rédiger une résolution commune et qu’ils aient totalement – je dis bien : totalement – ignoré le groupe AfD, et avec lui 13 pour cent des électeurs ! Honte sur vous !

Une chose est exacte : l’unification européenne, qui commença en 1951 avec la CECA, était une réponse aux catastrophes effroyables du siècle dernier, au chauvinisme et au socialisme national. – Écoutez-moi donc, ici devant, il y a peut-être quelque chose que vous pourrez apprendre. Taisez-vous ! –

Pour les générations qui ont dû endurer la guerre et la ruine, le projet de paix de l’Europe apparaissait comme l’espoir d’un avenir meilleur. Mais la vision initiale d’une Europe composée d’États souverains et égaux en droits fut rapidement écartée, et l’on a vu s’imposer les forces qui voulaient créer un fait politique en entremêlant les économies nationales, si possible de manière irréversible. Un grand Européen a reconnu que c’était une erreur : il s’agit de l’économiste Wilhelm Röpke. Il constata – je cite – :

... que l’essence même de l’Europe, c’est d’être unie dans la diversité ; c’est pourquoi tout élément centralisateur est une trahison de l’Europe, y compris dans le domaine économique.

Fin de citation.

Cette trahison a été commise avec l’introduction de l’euro, si ce n’est plus tôt encore. De nombreux économistes ont adressé des mises en garde avant cette introduction. Pour eux, il était clair qu’on aboutirait à une redistribution massive par transferts de capitaux publics, pour corriger le dysfonctionnement des balances des paiements dû à l’abandon des cours de change. Au-delà de toute raison économique, l’euro a quand même été introduit. Depuis lors, il ne cesse d’être sauvé illégalement et tenu artificiellement en vie, par tous les moyens : surabondance de liquidités, taux nuls et négatifs, flambée du prix des actifs – aux dépens de tous les citoyens européens, dont le pouvoir d’achat réel et l’épargne s’amenuisent de façon dramatique, du fait de votre politique, alors que vous, en tant qu’États endettés, vous pouvez vous désendetter. Cela a un nom, Mesdames et Messieurs : c’est de la spoliation.

Voilà également le motif pour lequel l’Union européenne connaît une crise d’acceptation et de légitimation. Dans le sud de l’Europe, surtout, mais aussi en France, cela a entraîné un chômage élevé et, suite à cela, de graves troubles sociaux. Et c’est cette spirale que vous voulez continuer de faire tourner. Ce n’est pas un beau résultat pour un projet qui, aujourd’hui encore, se veut garant de paix et de liberté, et surtout pas si, à la fin, c’est chaque fois le contribuable allemand qui doit se porter garant et ouvrir son portefeuille.

Je veux le dire très clairement : les projets d’économie planifiée socialiste d’Emmanuel Macron, qui envisage par exemple une assurance chômage européenne, une union bancaire ou un budget commun, vont de toute évidence dans un sens que nous, AfD, refusons catégoriquement, Mesdames et Messieurs. L’Allemagne ne peut pas être le trésorier de l’Europe.

Or, non seulement la paix intérieure est menacée, mais il faut aussi se faire du souci pour la liberté. La stratégie du fait accompli prive les citoyens responsables de leur droit démocratique de débattre ouvertement et de trancher librement des questions essentielles pour l’avenir. Dans le même temps, une bureaucratie arrogante s’immisce dans tous les domaines ou presque de la vie. L’être humain autonome, qui prend en main ses responsabilités et qui a droit à sa propre liberté face à l’État se retrouve de plus en plus acculé, sur la défensive. C’est un retour en arrière flagrant, s’agissant des droits des citoyens, de la démocratie et de la culture politique en général.

Voilà pourquoi l’Europe doit enfin revenir à ses racines et être un continent de liberté, une unité dans la diversité, dans le respect des règles du droit, Mesdames et Messieurs.

Monsieur Wolfgang Schäuble, président :

La parole est à M. Michael Link, FDP.

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